Congreso de Berlín de 1878. II.

Modelo de protocolo del Congreso de Berlín del año 1878.

Guía de Protocolo Diplomático.

 

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Protocolo. Congreso de Berlín de 1878.

Ces paroles ayant été accueillies par l'assentiment empressé de tous les Plénipotentiaires, le Prince de Bismarck remercie ses collégues des sentiments sympathiques pour l'Empereur, exprimés au nom des membres du Congrès par M. le Comte Andrassy, et se charge de porter ce témoignage á la connaissance de Sa Majesté. II acepte ensuite la Présidence en ajoutant:

"Messieurs:

Je vous remercie de l'honneur que vous venez de me faire en me conférant la Présidence de cette illustre réunión.

Dans l'exercice des fonctions, auxquelles je suis appelé, je compte sur le concours bienveillant de Messieurs mes Collégues, et sur leur indulgence, si mes forces n'égalent pas toujours ma bonne volonté".

Le Président procède en ces termes à la constitution du Bureau.

"Je vous propose comme Secrétaire du Congrés, M. de Radowitz, Ministre d'Allemagne à Athénes, et en qualité d'Adjoints au Secrétaire, M. le Comte de Moüy, Premier Secrétaire de l'Ambassade de France à Berlin, ainsi que MM. Busch, Conseiller actuel de Légation, le Barón de Holstein, Conseiller de Légation, et le Comte de Bismarck, Secrétaire de Légation. Je propose également de confier la direction des Archives du Congrés à M. Bucher, Conseiller intime actuel de Légation au departement des Affaires étrangéres d'Allemagne".

Ces propositions étant acceptées, les Membres du Bureau sont introduits et présentés au Congrés. Le Président fait savoir ensuite à ses collégues que le Secrétariat ainsi constitué sera chargé de réunir et de soumettre á leur examen les documents et pleins pouvoirs que les Membres du Congrés voudront bien à cet effet déposer au bureau.

MM. les Plénipotentiaires remettent leurs pleins pouvoirs au Secrétaire, à l'exception de Sadoullah-Bey, qui annonce devoir déposer les siens et ceux des deux autres Plénipotentiaires ottomans au commencement de la prochain séance, à laquelle seront présents ses collégues Alexandre Carathéodory-Pacha et Mehemed Ali Pacha, qui ne sont pas encoré arrivés á Berlin.

Le Prince de Bismarck, lit ensuite le discours suivant:

"Messieurs,

Il est avant tout mon devoir de vous remercier au nom de l'Empereur mon Maître, de l'unanimité avec laquelle tous les Cabinets ont bien voulu répondré à l'invitation de l'Allemagne. Il est permis de considérer cet accord comme un premier gage de l'heureux accomplissement de notre tâche commune.

Les faits qui ont motivé la réunión du Congrés sont présents à la mémoire de tous. Déjà vers la fia de l'année 1876, les Gabinets avaient combiné leurs efforts en vue de rétablir la paix dans la péninsule des Balkans Ils avaient cherché en même temps des garanties effiicaces pour améliorer le sort des populations chrétiennes de la Turquie. Ces efforts n'ont pas abouti. Un nouveau conflit, plus redontable a éclaté, auquel les arrangements de San Stefano ont mis fin.

Les stipulations de ce traité sont en plusieurs points de nature à modifier l'état des choses tel qu'il se trouve fixé par les conventions européennes antérieures, et c'est pour soumettre l'oeuvre de San Stefano à la libre discussion des Gabinets signataires des Traités de 1856 et 1871 que nous nous trouvons réunis. Il s'agit d'assurer d'un commun accord et sur la base de nouvelles garanties, la paix dont l'Europe a tant besoin.

Le Président désire ajouter à ce qu'il vient de lire, quelques observations de procédure. Il pense que pour faciliter les travaux du Congrés il serait opportun de décider que toute proposition, tout document destinés à figurer au protocole, fussent rédigés par écrit et lus par les Membres du Congrés qui en auraient pris l'initiative. Il croit agir dans l'intérét de la tache dévoulue à la haute Assamblée en lui proposant de tracer dès le commencement de ses délibérations l'ordre de ses travaux.

Il semble que, sans s'attacher à la suite des paragraphes du traité qui forme l'objet de la discussion, il serait préférable de ranger les questions dans l'ordre de leur importance. C'est surtout le probléme de la délimitation et de l'organisation de la Bulgarie qui à ce point de vue appellera l'intérét du Congrés, et le Président propose d'ouvrir les discussions en s'occupant en premier lieu de celles des stipulations de Saint Stefano, qui ont particuliérement trait à la future organisation de la Bulgarie. Si le Congrés approuve cette manière de procéder, le Président dirigera en conformité avec sa décisión les travaux préparatoires du Secrétariat. Son Altesse pense en outre qu'il serait bon de laisser quelque intervalle entre cette séance et la prochaine afin de donner aux Plénipotentiaires le temps d'échanger leurs idées. Enfin il ne doute pas que les Plénipotentiaires ne soient unanimes sur la nécessité de garder le secret de leurs délibérations.

Tous les Membres du Congrés donnent leur adhésión aux propositions de M. le Prince de Bismarck.

Le Comte Andrassy ajoute qu'il accepte entiérement le point de vue de Son Altesse et qu'il est notamment d'avis de donner la priorité à la question bulgare.

Le Comte de Beaconsfield se prononce dans le méme sens: il regarde comme essentiel à la solution des difficultés présentes que cette question soit traitée sans délai et la premiére.

Le Président constate que le projet de commencer la discussion par la question bulgare est adopté â l'unanimité.

Le Comte de Beaconsfield prenant la parole, fait remarquer qu'avant d'examiner le Traité de Saint Stefano, le Congrés rencontre une question préliminaire d'une extrême urgence, á savoir la position que les forces russes occupent en ce moment dans le voisinage de Constantinople. Lord Beaconsfield considère cette situation comme anormale et périlleuse. Il rappèlle que les troupes russes se sont avancées au delà de la ligne fixée par l'armistice, et signale leur présence comme un danger pour les deux parties en cause aussi bien que pour les intéréts de l'Europe. Il craint les entraînements auxquels peuvent être exposées deux armées aussi rapprochées: un incident, une rumeur, peuvent amener les plus grandes calamités, peut étre même la prise de Constantinople (the capture of Constantinople). Il se demande s'il est convenable que le Congrés délibère en présence de semblable périls, et en regrettant que les efforts tentés par les Gabinets intéressés dans le sens d'un arrangement équitable pour les deux parties, n'aient pas abouti, il appelle sur cette question préliminaire l'attention de ses collégues.

Le Prince de Bismarck, tout en faisant observer que cette question ne lui parait pas de nature à être traitée utilement dans la séance de ce jour, demande â MM. les Plénipotentiaires de Russie s'il désirent répondré aux paroles prononcées par lord Beaconsfield.

Le Prince Gortchakow déclare que la Russie est venue prendre part au Congrés avec l'intention d'éviter toute récrimination sur le passé. Son Altesse Sérénissime ne saurait done entrer dans l'examen des motifs et de circonstances qui ont conduit au Traité de Saint Stefano: le gouvernement russe tient avant tout à écarter les obscurités et les défiances. Le but de l'Empereur Alexandre, conforme dans la pensée de Sa Majesté à tous les intéréts européens, est de donner une existence autonome assurée par des garanties efficaces aux sujets chrétiens de la Porte. Si; pour obtenir ce résultat, le Congrés trouve d'autres moyens que ceux qui ont paru les meilleurs à la Russie, le gouvernement de l'Empereur les examinera, mais son seul but est, il le répéte, d'assurer et de garantir efficacement aux populations chrétiennes une existence autonome.